|
Le dossier de ce mois est consacré aux agrumes, qui sont intimement associés dans notre imaginaire aux paysages Méditerranéens
les plus méridionaux, voire aux zones subtropicales et tropicales de l'Asie du sud-est pour certains agrumes (par exemple pour
le kumquat ou le calamondin) ou aux îles tropicales pour d'autres (par exemple pour le pamplemousse et le pomelo). Nous allons voir
dans ce dossier qu'il est envisageable pour le jardinier amateur de plantes exotiques de donner un "petit coup de pouce" à cette
traditionnelle zone de l'Oranger!
Préambule
Parmi les nombreuses espèces, variétés et hybrides de ces beaux arbustes évocateurs des régions ensoleillées,
nous avons sélectionné les sujets les plus prometteurs pour s'acclimater
dans les jardins de climat frais, et nous agrémenter de leurs fleurs systématiquement odorantes, et si les conditions sont réunies,
de leurs fruits délicieux. Si je devais résumer cet article, je dirais : au delà des habituels citronniers et des orangers, les agrumes
montrent une très large capacité d'adaptation à diverses conditions, et c'est un ensemble de genres qui mérite d'être mieux connu!
Mais évoquons d'abord quelques généralités sur les agrumes. Cette appelation regroupe en fait principalement 3 genres botaniques, faisant partie de
la famille des Rutacées : les Citrus,
les Fortunella et les
Poncirus. On retrouve dans le genre Citrus
la plupart des agrumes classiques que l'on trouve sur les étals des commerces, comme les les oranges, les citrons, les mandarines, les clémentines, etc.
C'est clairement le genre prépondérant chez les agrumes. Cousins des Citrus,
le genre Fortunella regroupe un ensemble d'espèces où l'on
retrouve les kumquats. Enfin, le genre Poncirus est le moins connu des gastronomes amateurs d'agrumes, certainement pour la bonne raison que les fruits issus de la
seule espèce de ce genre, Poncirus trifoliata, ne sont pas comestibles.
Enfin, il nous faut introduire également cet article en faisant la constatation suivante : les agrumes s'hybrident très facilement, même entre
espèces de genres différents. Croiser un Poncirus trifoliata avec un Citrus sinensis? Mais oui, c'est possible, et c'est même très intéressant pour
le jardinier amateur de plantes exotiques.
Petite histoire des agrumes
Vous pensiez que les agrumes sont originaires du bassin Méditerranéen? Perdu. Il faut plutôt chercher les origines de ces arbres en Asie du Sud-Est,
en particulier en Chine. Bien sûr, les avis et les interprétations divergent quant aux origines des agrumes, comme à celles de beaucoup de genres d'ailleurs. Cependant,
il existe de nombreuses références aux agrumes dans la littérature Chinoise antique. En particulier, on trouve des descriptions d'agrumes dans le Yu Kung, un texte Chinois
datant de 500 av. JC, mais se référant à des évènements beaucoup plus anciens (2200 av. JC). Référence exacte ou détail anachronique? Quoiqu'il en soit, nous pouvons considérer que
la culture des agrumes remonte au moins à un ou deux millénaires avant notre ère.
Plus proche de nous, vers 500 ans av. JC, la culture des agrumes, en particulier celle du Cédrat, s'est étendue à une partie du Moyen-Orient, pour se propager ensuite au bassin
Méditerranéen. Entre 300 ans avant et après JC, l'agrumiculture était répandue dans l'empire Romain, mais cette pratique s'est globalement perdue avec
la chute de l'empire, pour réapparaitre 1000 ans plus tard en Espagne, lors des conquêtes Arabes. En Italie, on pense que vers 1400 après JC, oranges amères et citrons
avaient été déjà "redécouvertes" suite aux croisades successives. Mais c'est vers 1500, avec le retour du Portugais Vasco de Gama de son voyage passant par le Cap
de Bonne Espérance, que les oranges douces telles que nous les connaissons aujourd'hui furent introduites en Europe, en passant par le Portugal.
Nous savons également par la suite que les agrumes furent introduites aux Amériques à compter des voyages de Christophe Colomb et des autres explorateurs Espagnols et Portugais.
Pour commencer avec les agrumes résistants au froid, il est intéressant d'introduire le Poncirus trifoliata, qui offre une résistance
au froid sans concurrence chez les agrumes. C'est un arbuste originaire de Chine, à feuilles caduques ou semi-persistantes selon les conditions climatiques,
capable de résister jusqu'à -20°C!
Les feuilles du Poncirus trifoliata sont décoratives et trilobées. C'est un arbuste à fleurs printanières, blanches et souvent
odorantes.
Le Poncirus trifoliata donne également des fruits, à l'automne, de la taille d'une balle de golf en général, et ressemblant à de
petites oranges à la peau légèrement veloutée. Le fruit a bien la structure d'un agrume, avec une écorce (=la peau), un albédo, des quartiers juteux...
et pleins de graines! Pour l'amateur gourmand de plantes exotiques, c'est un premier soucis. Le fruit du Poncirus trifoliata peut contenir jusqu'à
une cinquantaine de graines. Mais ce n'est finalement pas l'obstacle principal à la dégustation de ce fruit, puisque la présence de poncirine, qui est un composé
polyphénolé, est présent en de telles doses qu'il rend le fruit du Poncirus trifoliata impropre à la consommation. N'en parlons plus, le gourmand amateur de fruitiers
exotiques de climat frais devra trouver son bonheur ailleurs. Reste que cet arbuste est extrèmement décoratif, et que son cousinage avec le genre Citrus apparait
de manière évidente. Pour le jardinier de climat frais, c'est un arbuste décoratif de choix. Encore faudra-t-il faire attention aux longues épines.
En général, c'est l'espèce type de Poncirus trifoliata que l'on retrouve
à la vente. Cependant, il existe quelques variétés intéressantes, pour augmenter une collection d'agrumes d'extérieurs dans les zones aux
hivers frais. Poncirus trifoliata 'Flying Dragon', par exemple, est un arbuste de plus petites proportion que le type, et tout à fait
étonnant, avec des branches très tortueuses, qui lui confèrent un port très intéressant, même en hiver.
On trouve également d'autres variétés telles que Poncirus trifoliata 'Rubidoux', plus utilisées comme porte-greffes que vendues commercialement.
Les kumquats
Le genre Fortunella est très intéressant pour l'amateur d'agrumes
pouvant résister au gel. Ce sont des arbustes d'apparence très similaire aux Citrus,
de pousse généralement lente, et de dimensions relativement réduites (Dans son aire d'origine, les zones subtropicales plutôt fraîches d'Asie du Sud-Est, en particulier de Chine, ces arbustes
peuvent toutefois atteindre des dimensions respectables avoisinant les 6m.) Le gros avantage de ce genre, c'est de posséder à la fois une bonne résistance au froid, et des fruits
comestibles. Le kumquat ovale, Fortunella margarita, donne les kumquats que l'on trouve très souvent
sur les étals de fruits exotiques. Le kumquat rond, Fortunella japonica, est lui moins répandu, mais
tout aussi résistant et décoratif. Enfin, on voit de plus en plus chez les pépiniéristes une troisième espèce, le kumquat Fukushu,
Fortunella obovata, qui est plus vigoureux et possède des fruits plus gros que les deux espèces précédentes. Les avis sur le kumquat Fukushu
divergent, certains pensant qu'il s'agit en fait d'un hybride de Fortunella japonica.
Quoiqu'il en soit, ces 3 agrumes résistent relativement bien à des gels pas trop prolongés, pouvant aller jusqu'à -10°C, voire -12°C pour quelques heures. Ce sont des arbustes qui ont une période de
dormance plus longue que les Citrus, augmentant ainsi leur résistance aux gels printaniers et automnaux,
par rapport à ces derniers. Pour ces raisons, les kumquats sont des agrumes très intéressants pour les jardiniers amateurs d'agrumes et habitant en climat plus frais que la zone de l'Oranger.
Cependant, si les kumquats peuvent survivre, voire prospérer dans ces régions, il ne faut souvent pas attendre beaucoup de fruits de la part de ces arbustes. La première raison est que les fruits, qui
arrivent la plupart du temps à maturité en hiver, gèlent dès -4°C ou -5°C, ce qui peut facilement compromettre une éventuelle récolte quand on habite en zone fraîche. La deuxième raison est que, si les
kumquats sont assez résistants au froid, ils demandent par contre une longue saison chaude pour que les fruits arrivent à maturité, ce qui est rarement possible dans les zones marginales à la zone de
l'Oranger. Dans tous les cas, les kumquats restent des arbustes très décoratifs, à la floraison blanche très odorante typique des agrumes. En exposition abritée, l'obtention de quelques fruits, les années
"chaudes", pourra être un plus appréciable!
On notera enfin qu'il existe quelques autres espèces dans le genre Fortunella, comme le
Fortunella Hindsii, très apprécié des amateurs de bonzai grâce à ses dimensions et sa pousse réduites. Cependant,
ces autres Fortunella n'ont, pour l'instant, pas prouvé leur résistance au froid dans des conditions
équivalentes aux trois espèces citées dans ce paragraphe.
Les Citrus les plus résistants
On l'a vu, les genres Poncirus et
Fortunella offrent des perspectives
d'acclimatation pour les jardiniers amateurs d'agrumes de régions fraîches. Mais qu'en est-il du genre le plus connu, à savoir des
Citrus? Un citronnier ou un oranger en Belgique, c'est possible?
Pas tout à fait, mais comme nous allons le voir, il y a dans le genre des candidats pour la culture en zone où les températures hivernales descendent vers
-8°C à -12°C...
Commençons avec deux Citrus tout à fait
prometteurs et peu connus. Tout d'abord, Citrus ichangensis, ou citron d'Ichang, originaire de Chine, est l'agrume du genre Citrus
réputé pousser naturellement le plus au Nord. C'est un agrume à feuilles persistantes, produisant des fruits pouvant atteindre 10 cm de longueur et ressemblant à des citrons, avec une peau épaisse.
Il est d'ailleurs utilisé dans son aire d'origine comme un substitut au citron. C'est un arbuste très intéressant, puisqu'il pourrait résister à -10°C/-12°C, voire à des températures légèrement
plus basses en conditions optimales de drainage et de froid sec.
Ensuite, le Yuzu, ou Citrus junos, est également un Citrus des plus intéressants. C'est également un agrume dont
le fruit est utilisé, puisqu'au Japon, l'écorce du fruit est utilisée dans la préparation de nombreux plats. C'est un agrume à feuilles persistantes, ou semi-persistantes en climats plus frais. Il résiste également bien
aux froids, avec une résistance aux gels brefs de l'ordre de -10°C, voire -12°C dans de bonnes conditions.
Bien choisir les mandariniers et orangers
Il est bien sûr inutile de présenter les mandarines et les oranges. Ces fruits de Citrus
sont des plus communs. Ce sont des agrumes plus rustiques qu'on pourrait le penser, et il existe des variétés de mandariniers et d'orangers tout à fait étonnantes de (relative!) rusticité.
Du côté des mandariniers, on distingue la clémentine (Citrus reticulata), un agrume très connu pouvant résister à -6°C/-7°C environ. Un tout petit peu plus rustique, la mandarine commune, Citrus deliciosa, est
également un très bel agrume rustique jusqu'à environ -7°C voire -8°C environ.
Enfin, on s'attardera sur le mandarinier satsuma, Citrus unshiu, qui est de loin le mandarinier le plus résistant
au froid, et qui présente beaucoup de qualités pour l'amateur d'agrumes de pays tempéré. C'est d'abord un agrume aux fruits parfaitement comestibles, et très appréciés dans certains pays, comme au Japon par
exemple. De plus, ce bel agrume au port légèrement pleureur se distingue par une maturité précoce de ses fruits, et un besoin en chaleur tout le long de la belle saison moins important
que les autres agrumes. Enfin, sa rusticité se situe aux environs de -10°C, voire -12°C en excellentes conditions de drainage, et lors de gels brefs. C'est un agrume qui, pour ces raisons,
est appelé à rencontrer un succès de plus en plus marqué (et mérité) auprès des jardiniers des pays tempérés, et c'est en agrume qui n'est plus si rare en pépinière.
Enfin, on peut noter qu'il existe beaucoup de sélections de mandarines satsuma. On citera notamment les deux sélections les plus répandues, Citrus unshiu 'Owari', aux gros fruits,
et Citrus unshiu 'Okitsu', aux fruits particulièrement précoces, pouvant être mûrs dès septembre.
Du côté des orangers, on trouve un spectre de rusticité équivalent. Les oranges douces, Citrus sinensis, ainsi que ses multiples variétés, présentent
une résistance à des gels brefs de l'ordre de -7°C à -8°C environ.
Plus résistant, Citrus aurantium, l'oranger amer est capable de résister à des températures pouvant
brièvement descendre jusqu'à -10°C. C'est un agrume de choix sur les zones les plus proches de la zone de l'Oranger. De plus, cet arbuste présente beaucoup de variétés qui ont un aspect réellement différent
de l'espèce type. Par exemple Citrus aurantium 'Myrtifolia', l'oranger amer à feuilles de myrte, est un agrume très décoratif,
de petite taille, avec des petites feuilles pointues, très florifère et fructifère. Sa résistance aux gels brefs est comparable à l'espèce type, soit environ -10°C.
Résistance au froid de quelques autres Citrus
Une constatation s'impose : les agrumes sont quasiment tous résistants à des températures négatives. (Et encore, le terme quasiment est juste là pour mettre à l'abri l'auteur de cet article de l'éventuelle - personne n'est parfait - méconnaissance d'une espèce de Citrus
réellement gélive!).
Par ordre de résistance au froid, on pourra d'abord citer Citrus maxima, le pamplemoussier. Cet agrume est un grand arbuste tropical, aux fleurs et aux fruits très gros, à la peau épaisse.
Bien qu'il lui faille beaucoup de chaleur pour que son fruit arrive correctement à maturation, il est cependant capable de résister à des gels assez conséquents, de l'ordre de -8°C environ. Il ne faut pas confondre ce fruit peu répandu avec le pomelo, Citrus paradisi, qui lui
est très largement répandu sur les étals de fruits. C'est un assez gros fruit de 10 à 15 cm de diamètre environ, à peau et chair jaune ou rose à maturité. Le fruit est cependant beaucoup moins gros que celui du pamplemoussier, dont le fruit peut lui atteindre 30cm de diamètre!
On suppose que le pomelo est en fait issu de l'hybridation d'un pamplemoussier, peut-être avec un oranger. Sa résistance au froid est en tout cas presque aussi bonne que celle du pamplemoussier, puisqu'elle peut atteindre -7°C environ. Par contre, il requiert également pas mal de chaleur pour amener
ses fruits à maturité ; néanmoins le climat de la zone de l'oranger lui convient. On trouve par exemple de bons pomélos bien sucrés en Corse, ou même sur la Côte d'Azur, en France.
Il ne faudrait pas oublier de mentionner dans ce dossier sur les agrumes résistants aux gels Citrus limon, les citronniers! Quand on se familiarise un peu avec les agrumes, on a quelquefois tendance à penser que ce sont des agrumes difficiles, très fragiles et sensibles au moindre coup de gel.
Ce ne sont en effet pas les agrumes les plus résistants au gel, loin s'en faut, mais il sont quand même capables de résister à des températures de l'ordre de -5°C environ. Citrus limon 'Meyer' peut même résister à des températures un peu plus basses, de l'ordre de -6°C. Il est cependant probable que ce citron, à la peau un peu plus lisse, à la couleur plus orangée, et au goût moins acide soit un hybride de
Citrus limon x Citrus sinensis, c'est-à-dire un hybride de citronnier et d'oranger.
On n'oubliera pas non plus Citrus mitis, le calamondin, aussi appelé communément oranger d'appartement, qui peut, en régions très douces, être laissé en extérieur, où il résistera à des gels de l'ordre de -5°C. Il pourra alors devenir un bel arbuste, même s'il n'atteindra probablement pas la taille respectable de 4 à 5m que l'on peut observer sur des sujets poussant en Asie du Sud-Est.
Il existe enfin plusieurs espèces de Citrus plus fragiles, mais résistant pourtant à quelques degrés en dessous de 0°C. C'est le cas par exemple de Citrus medica, le cédratier. Cet arbuste, réputé très frileux, résistera cependant à -4°C environ, de même que Citrus bergamia, le bergamotier.
Ces deux agrumes ont également d'ailleurs en commun de ne pas produire de fruits consommables frais, car trop acides. Ils sont pourtant très appréciés en confiserie, parfumerie, dans les préparations pour le thé, etc.
On pourrait également dire la même chose d'un agrume plus tropical, Citrus hystrix, le combava, dont c'est l'écorce du fruit très caractéristique, presque grumeleux, qui est consommée. C'est également un Citrus qui résiste à des températures de l'ordre de -4°C.
Il y a encore beaucoup de Citrus à décrire, et vous trouverez d'ailleurs plus de renseignements dans la base des plantes exotiques de GardenBreizh. Nous terminerons tout de même ce chapitre par un dernier Citrus, très apprécié notamment par les amateurs de ti'punch, Citrus aurantifolia, le citron vert.
Ce fruit bien connu n'est bien sûr par un citron que l'on aurait cueilli immature, mais est bien le fruit d'une espèce à part entière. Les citrons verts, ou limes, sont capables, selon les variétés, de résister à environ -2°C (pour la lime Mexicaine, qui à peu de chose près doit être l'agrume le moins rustique) à des températures de l'ordre de -4°C, voire -5°C pour des variétés comme la lime de Tahiti, ou la lime de la Réunion. (qui sont deux variétés bien distinctes, la première ayant des fruits plus gros)
Citranges, citrumelo et autres hybrides de Poncirus trifoliata
Les genres Citrus et Fortunella s'hybrident facilement avec les Poncirus.
Forts de cette constatation, les hybrideurs ont réalisé, depuis plus d'un siècle, nombre de croisement entre ces genres. Le Graal, dans cette discipline, est de réaliser un croisement qui aboutisse à un agrume comestible comme un Citrus ou un Fortunella,
et rustique comme un Poncirus! Malheureusement, pour dire les choses clairement, cet objectif n'est pas encore entièrement atteint. Ce qui ne veut pas dire que nombre d'hybrides sélectionnés ne soient pas intéressants par leur rusticité, leurs qualités ornementales, et leur caractères gustatifs "presque" intéressants!
Un des hybrides les plus connus de Poncirus, et qui donne souvent d'ailleurs son nom à l'ensemble de ces hybrides de Poncirus, est le citrange issu du croisement entre
Citrus sinensis x Poncirus trifoliata, c'est-à-dire un croisement d'orange douce avec un Poncirus trifoliata. Les hybrides présentent très logiquement des caractéristiques intermédiaires entre les 2 parents :
Les citranges possèdent d'abord une rusticité intermédiaire : même si ils sont nettement moins rustiques que Poncirus trifoliata, ils ont tout de même une résistance au froid très intéressante, de l'ordre de -10°C à -12°C. Ce n'est pas leur seule qualité! L'arbre, plus vigoureux qu'un
Poncirus trifoliata, présente un feuillage semi-persistant, avec des feuilles généralement trifoliées, mais plus larges que la plante père. Le fruit est également beaucoup plus proche de l'orange. Il existe des sélections de citranges, comme le citrange 'Rusk', qui possèdent l'aspect d'orange de calibre moyen, et qui ont un goût où les traces désagréables d'arrière-goût de Poncirus trifoliata ont presque disparu (malheureusement, le "presque" fait bien sûr une grosse différence pour une consommation régulière de cet hybride.)
Il existe également des hybrides de citranges plus complexes, recroisés avec d'autres Citrus, s'approchant de plus près d'un agrume au goût totalement agréable. le citrange 'Hybrid 119 US', qui est un citrange recroisé avec Citrus paradisi, en est un bon exemple.
La rusticité de ces hybrides est bien sûr moindre au fur-et-à-mesure des recroisements avec des Citrus. C'est ainsi que le citrange 'Hybrid 119 US' est estimé rustique à -10°C environ, ce qui reste néanmoins intéressant.
Les citranges sont également très utilisés en tant que porte-greffe. Par exemple, 'Troyer', 'Carrizo', et 'Morton' sont par exemple des citranges largement utilisés comme porte-greffe, donnant notamment une vigueur plus important à l'arbre que Poncirus trifoliata.
En définitive, les citranges sont des arbustes très intéressants et décoratifs, encore rares à la vente en tant que tels.
Les citranges ne sont cependant pas les seuls hybrides de Poncirus trifoliata, loin s'en faut. Le citrumelo, par exemple, est un hybride de Poncirus trifoliata x Citrus paradisi, c'est-à-dire qu'il résulte du croisement d'un Poncirus trifoliata avec un pomelo. Le citrumelo possède un fruit de calibre nettement plus important que celui des citranges, et a une peau également plus rugueuse.
C'est un arbuste robuste et très souvent utilisé comme porte-greffe. La sélection de citrumelo 'Swingle' est souvent utilisée à cet effet. Mais l'amateur d'agrumes hors de la zone de l'oranger aura interêt à le cultiver en tant que plante d'ornement, puisque cet hybride est réputé capable de résister à des gels brefs pouvant atteindre -13°C! Le fruit, large et contenant beaucoup de graines, possède une pulpe juteuse, mais à l'arrière-goût prononcé de Poncirus trifoliata, ce qui lui donne un goût désagréable. Néanmoins il faut tester diverses sélections, cette hybridation étant très certainement prometteuse.
D'autres hybrides existent, comme les citrangequats, qui sont des hybrides de Poncirus trifoliata et de kumquats ovales. Ce sont des arbustes très décoratifs, avec des fruits légèrement pyriformes et bien orangés à maturité, avec une peau évoquant celle d'une orange. Il existe plusieurs cultivars de citrangequats, comme le citrangequat 'Sinton', ou le citrangequat 'Thomasville'. 'Sinton' est réputé amer, et pouvant être utilisé comme substitut au citron. 'Thomasville', par contre, est réputé juteux et de saveur étonnament douce, ce qui en fait un hybride très prometteur. Néanmoins, ce sont des hybrides sélectionnés aux USA, encore assez difficiles à trouver. De plus, la rusticité de ces hybrides est bonne (environ -10°C), mais pas exceptionnelle.
On citera enfin d'autres hybrides, tels les citrangedins, croisements de citrange et de calamondin ; les citremons, croisements de Poncirus trifoliata et de citron (résistant à -12°C environ), les citradias, croisements d'oranger amer avec un Poncirus trifoliata (résistant à -13°C environ). Pour finir, le citrandarin est issu d'une hybridation entre un Poncirus trifoliata et une mandarine. Le fruit ressemble à une mandarine, même si son goût tient malheureusement plus de celui du Poncirus trifoliata. Par contre, c'est un arbuste réputé résister à des froids brefs de l'ordre de -15°C, ce qui en fait un agrume d'ornement de premier choix en zone fraîche! Encore faut-il le trouver, car les citranges et autres hybrides restent rares à la vente... Néanmoins on peut penser qu'à l'avenir le créneau des agrumes de climat frais intéressera quelques pépinières.
Quelques livres et adresses recommandables sur les agrumes
Au titre de la litterature francophone sur les agrumes, il existe bien sûr pas mal d'ouvrages sur le sujet, mais je citerai deux ouvrages tout à fait faciles d'accès, bien mis en page, adaptés à la fois pour l'amateur d'agrumes débutant comme pour le jardinier confirmé qui souhaite avoir un petit (par la taille!) livre de référence sous la main.
On commencera avec l'ouvrage de Bénédicte et Michel Bachès, 'Agrumes', aux éditions Ulmer (ISBN 2-84138-132-3). Cet ouvrage de 96 pages fait remarquablement bien le tour des espèces communes et plus rares d'agrumes, ainsi que de la manière de les cultiver.
B.&M. Bachès sont pépinéristes spécialisés en agrumes (Les Agrumes du monde), à Eus, France, et on sent toute leur expérience dans les conseils précis et pertinents qu'ils donnent tout au long de l'ouvrage. Les températures minimales données dans l'ouvrage sont suffisament précises (ils savent de quoi ils parlent, il fait des fois froid, à Eus!), et les photos, souvent prises dans leur pépinière, sont précises et esthétiques. Bref, on aime cet ouvrage! :-)
Un autre ouvrage similaire est l'ouvrage de Michel Courboulex (le "Courbou" de la bonne revue La Gazette des Jardins), 'Les Agrumes', aux éditions Rustica (ISBN 2-84038-183-4). La manière d'aborder la culture et la description des agrumes reste assez similaire, et les photos de Hilaire de Lorrain (également grand découvreur de Passiflores) sont belles et précises. il y a peut être moins d'agrumes peu communs de décrits. (l'ouvrage précédent présente des agrumes intéressants, comme Citrus junos, Citrus ichangensis, les citrumelo, quelques agrumes Australien de genres supplémentaires qui n'ont pas été traités dans cet article (Eremocitrus et Microcitrus), etc.)
Ce second ouvrage reste également un bon livre sur les agrumes, très complet malgré la pagination de 96 pages également imposée par cette édition. Il est à signaler également que Michel Courboulex travaille sur la seconde édition de son ouvrage, qui paraitra courant (on espère plutôt au début!) 2005.
Bref, notre préférence va pour ces 2 ouvrages dans la littérature francophone. Il existe d'autres bons ouvrages en langue Française et Anglaise, et nous vous proposons de bientôt retrouver leur description et critique dans la base des livres de GardenBreizh, une rubrique à venir dans les prochaines semaines.
LREY, première mise en ligne : 10/2004.
Au sommaire :
- Préambule
- Petite histoire des agrumes
- Le champion de rusticité : Poncirus trifoliata
- Quelques variétés de Poncirus trifoliata
- Rusticité de quelques agrumes
- Les kumquats
- Les Citrus les plus résistants
- Bien choisir les mandariniers et orangers
- Résistance au froid de quelques autres Citrus
- Citranges, citrumelo et autres hybrides de Poncirus trifoliata
- Quelques livres et adresses recommandables sur les agrumes
|
|