Il existe quelques règles aussi évidentes que fondamentales qui régissent les activités de l'amatrice ou l'amateur de plantes exotiques au jardin. La première en est certainement que toutes les plantes exotiques ne sont pas
égales par rapport au froid. Deuxièmement, nous ne cultivons pas tous nos plantes préférées sous les tropiques! L'un dans l'autre, nous sommes forcément amenés, avant (ou des fois, en cas d'achat "coup de coeur", après!) l'acquisition de la nouvelle belle exotique
qui nous faisait tant envie, de nous interroger sur la capacité de cette dernière à prospérer dans notre jardin, sous notre climat. Voilà qui n'a rien d'évident, surtout dès que l'on se rend compte que l'on vient de mettre son doigt sur un domaine qui
ne s'appuie pas sur une science exacte, pour une multitude de raisons. Il est heureusement cependant possible d'avoir une relative bonne estimation a priori des chances de telle ou telle plante de s'acclimater chez soi, en particulier vis-à-vis de paramètres climatiques tels l'intensité des gels
dans votre région. Ce dossier ne prétend pas faire un tour définitif de la question - ce qui serait de toute façon illusoire - mais va tenter d'introduire et de présenter les méthodes les plus sérieuses et simples pour se faire une idée suffisament correcte de la résistance au froid des végétaux dans telle ou telle région.
Préambule
Les végétaux sont des êtres vivants. Cela ne fait pas de mal de le rappeler! De là l'incroyable complexité des paramètres environnementaux qu'il faudrait combiner pour tenter de prédire la réaction la plus exacte possible d'un végétal face au froid. Et quel interêt pour nous jardiniers? Le modèle obtenu serait tellement complexe qu'il nous ôterait sûrement l'envie de jardiner... Il faut donc comprendre les divers efforts de classification de la rusticité des végétaux comme une constante mise en balance entre la précision des modèles, et la facilité de les utiliser. Quitte à devoir prendre en compte un facteur d'imprécision, ce qu'il n'est de toute façon pas possible d'éviter. Avez-vous jeté un coup d'oeil sur
les fiches des plantes exotiques de GardenBreizh? Oui? Alors peut être avez vous remarqué l'omniprésence du termes 'environ' et 'de l'ordre de' sur tout ce qui caractérise la résistance au froid des plantes. Ce n'est pas un hasard ni une tentative pour masquer un manque de connaissance de la plante. Ce facteur d'imprécision est nécessaire, tout simplement parce qu'il ne serait pas possible de déterminer une température exacte sans avoir défini exactement les conditions exactes d'exposition au vent et à l'humidité, la composition du sol, la durée des gels, les températures avant et après les gels, etc. Et même dans ce cas, ce serait oublier les variabilités possibles entre plusieurs sujets d'une même espèce, voire d'une même variété.
Peu pratique. Cette imprécision existe donc, et elle est à considérer dans toutes les approches qui suivent.
Le dossier de décembre 2004, qui constitue la première partie de notre dossier sur les climats, concerne les zones de rusticité USDA, et leur application au climat Français. Dans les dossiers suivants, nous étendrons cette réflexion aux climats Belges, Suisses, Québécois, etc. Mais commençons par ce premier volet.
Petite histoire des zones de rusticité USDA
Commençons tout d'abord par le terme USDA. Il s'agit de l'acronyme de United States Department of Agriculture, à savoir le Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis, vénérable institution fédérale créée en 1862 pour apporter aide et support aux fermiers de ce pays.
Dans les années 1960, cette institution a proposé le concept de zones de rusticité pour les Etats-Unis, et l'a révisé dans les années 1990. Le principe en est plutôt simple : le but des cartes exploitant ces zones est de trouver rapidemment les températures minimales hivernales pour une région donnée. Pour cela, ces zones de rusticité ont été définies en suivant deux contraintes :
Il faut d'abord suffisament de zones pour différencier des régions aux hivers différement marqués, mais il n'en faut pas trop non plus pour garder un système relativement simple.
De plus, ces cartes ont pour objet de représenter des phénomènes extrèmes, puisqu'il s'agit de mesurer la températures minimale absolue sur une année. Néanmoins, la température minimale absolue peut bien sûr changer d'une année à l'autre, et il faut garantir que cette carte puisse être utilisable sur plusieurs années! Le choix a donc été d'observer ces températures sur un grand nombre d'années, et de faire la moyenne de ces températures minimales absolues. La première chose à donc retenir de cet indicateur, c'est qu'il ne mesure pas le record de température pour une région donnée. Il mesure plutôt la température minimale probable que votre région va subir cet hiver.
Les zones de rusticité USDA très fraîches...
Le choix pour le Département de l'Agriculture des Etats-Unis a donc été de diviser le pays en 11 zones différentes, correspondant à 11 plages de températures minimales.
Ces plages se suivent de 10°F en 10°F, c'est-à-dire grosso modo de 5,5°C en 5,5°C environ. La zone 1 correspondait à la zone la plus rude avec des températures minimales absolues de l'ordre de -45°C et plus bas! Evidemment, dans ces zones extrêmes, il ne faut pas vraiment compter cultiver des tropicales... A peine plus chaude, on observe dans la zone 2 des températures pouvant descendre entre -40°C et -45°C! Ces 2 zones très froides sont principalement situées dans le centre (zone 1) et le littoral (zone 2) de l'Alaska, le nord (zone 1) et le centre (zone 2) du Canada, et une partie de la Russie (zones 1 et 2).
Encore très fraîches, les zones 3 à 5, avec une plage de températures minimales allant de -23°C à -40°C environ, permettent tout de même d'envisager la culture de nombreux arbres et plantes, nos amis Québécois notamment le savent bien. Ce ne sont pas les seuls puisque ces zones sont également rencontrées dans le nord des Etats-Unis et les côtes Sud de l'Alaska, en Sibérie et dans nombre de pays de l'ex Union Soviétique, en Mongolie, etc.
... Et les zones très chaudes
L'indicateur des zones USDA est moins riches pour les régions tropicales, sûrement parce que la version initiale de 1960 des zones USDA était clairement centrée sur la gamme de climats que l'on pouvait rencontrer aux Etats-Unis, du nord de l'Alaska jusqu'au îles Hawai.
Les zones tropicales sont en effet classées en zone 11, c'est-à-dire avec des températures minimales supérieures à 4,5°C. Depuis, d'autres zones ont été définies, nous y reviendrons dans un prochain dossier.
Exemples
Ce paragraphe donne quelques exemples de zones limites pour quelques plantes.
1
certains bouleaux Betula glandulosa, peupliers Populus fremuloides, rhododendrons Rhododendron laponicum, saules Salix reticulata, ...
Les zones de rusticité en France, au climat tempéré
La France possède dans son ensemble un climat dit tempéré, c'est-à-dire avec des hivers marqués, que l'on se trouve en zone océanique, continentale, montagnarde, ou Méditerranéenne. Ceci se traduit au sens des zones de rusticité USDA par une plage de zones en France métropolitaine et Corse allant de la zone 5 à la zone 10. Pour résumer :
Les climats montagnards se situent en France en zone 5 à 7.
Les climats continentaux en France sont essentiellement des climats océaniques dégradés, pour lesquels on se trouve en zones 7 et 8, et recouvre une large partie centre à nord-est de la France, incluant le Bassin Parisien.
Les climats océaniques eux, incluant une large bande côtière allant au Nord de Calais jusqu'au Sud à Biarritz, sont en zone 8 et 9.
Enfin, les climats Méditerranéens en France métropolitaine sont en zone 7 (pour les climats Méditerranéens de montagne) jusqu'en zone 9 pour les zones méridionales, voire zone 10 pour une petite frange côtière à l'extrème Sud-Est de la Côte d'Azur, autour de la région de Menton.
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