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Un article de Laurent Reynaud, publié par gardenbreizh.org - 24/08/2007
 

La galle du Fuchsia progresse en Europe


Page 5 - par Laurent Reynaud, première mise en ligne : 27/08/2007




IV - Perspectives de traitement et conclusion


Perspectives de traitement


Comme il a déjà été souligné, il n'existe pas actuellement de traitement efficace. Aucun traitement homologué n'est disponible en France pour traiter des Fuchsia victimes d'une infestation d'Aculops fuchsiae. La situation n'est d'ailleurs pas vraiment plus avancée ailleurs ; Aux Etats-Unis par exemple, dans la zone autour de San-Francisco où l'acarien sévit depuis 1981, aucune méthode n'a pu venir en venir à bout en 25 ans d'efforts. A. fuchsiae y semble définitivement implanté, et aux essais d'éradication a succédé un ensemble de méthodes pour essayer de raisonnablement contenir le ravageur et limiter les dégâts sur les Fuchsia.

Stratégie 1 - Destruction du plant attaqué

C'est la méthode qui est actuellement imposée en France par l'arrêté du 10 mai 2004 concernant la lutte contre A. fuchsiae. Elle suppose l'arrachage du plant, et son incinération. C'est bien-sûr la méthode la plus efficace (!) si on prend soin de ne pas véhiculer l'acarien par les outils de coupe, les fragments de tissus contaminés issus de la taille et de l'arrachage, les gants, les vêtements, etc. Une série d'applications d'acaricide (espacé d'environ 4 semaines) sur l'emplacement de l'arrachage permet de diminuer les risques de propagation par des acariens tombés au sol à différents stades de leur développement.

Stratégie 2 - Pour les Fuchsia les plus sensibles, taille à raz

En cas de sévère attaque ou d'attaque d'une espèce particulièrement sensible1, une coupe au ras du sol et incinération des branches, suivi de plusieurs applications d'acaricide, pourrait être pratiquée.

Stratégie 3 - Pour les Fuchsia relativement résistants, taille sélective

Cette méthode demande des interventions très rapides et régulières. Dès l'apparition de signes d'attaque sur des Fuchsia classés comme relativement résistants à A. fuchsiae, il a été montré2 qu'une taille de toute les parties atteintes (et incinération de ces tissus) suivi de plusieurs applications d'acaricide (espacées d'environ 4 semaines) permet de garder un aspect et une croissance relativement saines.

Lutte biologique au moyen de L'acarien Neoseiulus californicus

Cet acarien, signalé en Californie en association avec A. fuchsiae, est supposé2 être un prédateur du ravageur et pouvoir ainsi réduire les populations de ce dernier. Une réflexion pourrait être menée sur l'introduction de N. californicus en contact de A. fuchsiae en Europe, sans toutefois soulever un trop grand espoir, dans la mesure où la galle des Fuchsia reste malheureusement un problème majeur en Californie, même avec la présence de l'auxiliaire N. Californicus.

Conclusion


Les nouvelles ne sont pas bonnes du côté de l'avancée de l'acarien A. fuchsiae en Europe. En particulier, dans les zones océaniques, aux hivers doux et aux étés relativement frais, comme la Bretagne, les îles de la Manche, la normandie, Le Sud-Ouest côtier de l'Angleterre, certaines zones très abritées d'Irlande et d'Ecosse, etc. le risque est très important de voir A. fuchsiae s'installer durablement. Nous sommes à une période charnière, où l'issue de la campagne d'éradication de l'acarien reste très incertaine. Après l'hiver très doux 2006/2007 ainsi que l'été frais de 2007, la probable explosion des sites contaminés en Nord-Bretagne et Normandie n'incite pas à l'optimisme.
Plus que jamais, l'implication de chacun dans la détection et la suppression rapide des Fuchsia atteints reste un élément déterminant dans l'issue de cette propagation de A. fuchsiae en Europe.
Peut-être devrons-nous, à l'image des Californiens, (du moins la population du sud de l'état) apprendre à cohabiter avec le ravageur. Le supposé réchauffement climatique aura peut-être d'ailleurs une incidence sur l'évolution de la dissémination de l'acarien : hivers plus doux? Etés plus chauds? Quel sera l'adaptation de l'acarien à ces fluctuations de température? Nous le verrons bientôt, à plus ou moins long terme, et je tâcherai de maintenir ce dossier à jour pour faire état des nouvelles de la progression (ou a contrario espérons-le de l'éradication) de A. fuchsiae.
En climat doux, un buisson de Fuchsia magellanica de 2,50m en tout sens, au feuillage et à la floraison intacte d'attaques, visité toute la belle saison par les insectes butineurs est un spectacle précieux. Espérons que ce genre de spectacle ne deviendra pas bientôt un simple souvenir.
Ceci nous ramène enfin, nous jardinières et jardiniers passionnés d'exotisme, que nous soyons amateurs ou professionnels, à nos obligations et plus généralement notre devoir de protection de cette nature que nous observons et réinventons au gré de nos jardins : avec l'accélération des échanges de par le monde, les maladies et ravageurs progressent à une vitesse jamais observée jusqu'alors. Souvenons-nous que si les certificats phytosanitaires sont obligatoires pour des échanges de nombreux végétaux entre de nombreux pays, ce n'est pas pour le plaisir d'ennuyer les individus, mais bien pour fournir un ultime rempart contre la dissémination involontaire des ravageurs dans les zones qui en sont indemnes. A. fuchsiae est très malheureusement loin d'être le seul ravageur en train de faire son "tour du monde". Soyons vigilants.

L.R.


Notes
1 Voir le chapitre de cet article concernant la sensibilité comparée des différentes espèces et cultivars de Fuchsia.
2 Koehler, Allen et Costello, Fuchsia gall mite management, California Agriculture 39, 10-12, 1985




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