J'ai fait une traduction de l'article de la société botanique australienne
La fumée, un déclencheur de germination pour beaucoup de plantes de l’Australie occidentale
Le feu a joué un rôle déterminant dans l’évolution de la flore Australienne au moins dès la survenue de conditions arides à la moitié du tertiaire (environ 30 millions d’années). Pour beaucoup de taxons botaniques la réponse au feu a conditionné la croissance et le développement des plantes et a été responsable d’un parallélisme dans la divergence de la structure et des formes de vie de beaucoup de groupes taxonomiques initialement totalement différents.
Pour les flores sujettes aux incendies, particulièrement celles des zones méditerranéennes, le feu s’est montré essentiel pour la reproduction par semences pour un grand nombre de taxons. Pour ces espèces grainières adaptées aux feux saisonniers, l’incendie de leur habitat est même devenu une condition essentielle pour déclencher la germination de toutes leurs semences dormantes présentes dans le sol. Pour beaucoup des taxons positivement sensibles aux feux, la germination des graines dans des conditions normales selon les procédés habituels est extrêmement difficiles sinon impossible, à moins d’utiliser la culture in vitro des embryons ou des traitements hormonaux particuliers.
Le rôle de la fumée dans la germination
Suite à la découverte que la fumée stimulait la germination de la rare plante sud-africaine Audounia capita , la levée de la dormance des graine par l’action de la fumée a donné lieu a un vaste mouvement de recherche et a été appliquée dans le monde entier par toutes les pépinières et instituts chargés de la conservation de la flore.
Cet article donne un aperçu du développement de la germination des espèces indigènes Australiennes provoquée par la fumée et décrit les récentes applications de ce procédé pour la germination d’espèces d’un certain intérêt horticole.
Germination stimulée par la fumée d’espèces Australiennes
Les recherches de Dixon et Al (199) ont démontrées que la fumée est la clé pour casser la dormance des graines d’une grande variété d’espèces indigènes Australiennes. Bien que cette étude s’est concentrée sur les plante d’Australie Occidentale, les principes généraux qui s’en sont dégagés sont :
La fumée provoque une germination plus uniforme et plus rapide dans des conditions de laboratoire ou sous serre.La fumée permet la germination de graines d’espèces impossibles ou quasi impossibles a faire germer sous les conditions habituelles. Par exemples les espèces des genres Geleznowia and Eriostemon (Rutaceae); Hibbertia (Dilleniaceae); Stirlingia and Conospermum, Grevillea and Hakea (Proteaceae); Verticordia and Calytrix (Myrtaceae); Pimelea (Thymeleaceae); Blancoa (Haemodoraceae); Stylidium (Stylidiaceae).
Calytrix leschenaultii est un petit arbuste coloré de la flore du Sud-Ouest Australien très difficile à reproduire par graine.
La fumée améliore le taux de germination d’espèces habituellement peu fertiles, par exemple Anigozanthos et Conostylis (Haemodoraceae); Dianella, Thysanotus and Burchardia (Liliaceae); Patersonia (Iridaceae); Lechenaultia (Goodeniaceae); Gyrostemon and Codonocarpus (Gyrostemonaceae); Stackhousia (Stackhousiaceae); Hybanthus (Violaceae).
Lechenaultia biloba.
Lechenaultia est un genre d’environ 30 espèces de plantes herbacées ou d’arbustes de petite et moyenne taille. La pluspart se trouvent en australie occidentale. La bleue Lechenaultia biloba est la plus connue et la plus répandue.
Elle est cultivée dans beaucoup de régions en Australie. Mais du fait de sa durée de vie relativement courte, elle a besoin d’être régénérée par voie végétative ou bien multipliée par semences, ce qui est particulièrement difficile.
L’effet actif de la fumée est indépendant de la taille des graines, de leur forme et de la façon dont vie la plante, qu’elle soit vivace, annuelle ou bisannuelle, herbacée ou ligneuse, se reproduisant par graine (positive aux incendies) ou par repousse (résistante aux incendies).La fumée en aérosol, la fumée dissoute dans de l’eau, ou sous forme solide (argile ou sable fumés) on toutes un effet positif et actif sur la germination.De fortes doses d’eau fumée peut inhiber la germination de beaucoup d’espèces.La germination de marguerites (Rhodanthe, Schoenia) est totalement inhibée par la fumée.Le temps de réponse à l’effet de la fumée varie selon les taxons : graines fumées ou non fumées donnant une germination identique, exemple Conostylis sp.graines fumées commençant à germer les premières.graines non fumées ne germant éventuellement que la première semaine seulement alors que les graines fumées continuent de germer sur une plus longue période.la différence de germination entre les graines fumées et non fumées n’apparaît qu’après plusieurs semaine.Les graines qui ne répondent pas au traitement appartiennent aux espèces de Persoonia et des Epacridaceae drupacées (les espèces avec de gros fruits ligneux par opposition aux espèces à petites graines qui sont positivement sensibles à la fumée). Ces groupes ont été particulièrement étudiés pour trouver quelles barrières s’opposent à l’action de la fumée, mais toutes les tentatives de scarification mécaniques ou par acide furent vaines. Quelques études ont prouvé que les Persoonia pouvaient répondre à l’acide gibbérellique, autorisant à supposer que des facteurs multiples sont nécessaires pour déclencher les mécanismes permettant de casser la dormance de ces espèces.
Méthodes d’application de la fumée
Les graines sont placées sur des tablettes à fond en treillis métallique dans une tente étanche en plastique approximativement de 2m par 2m pour 1,40m de hauteur. La fumée est générée par une combustion lente et contrôlée dans un fut de 200litres d’un mélange de feuilles mortes, de feuilles fraîches de brindilles de tout un ensemble de végétaux. On utilise généralement les tailles d’arbustes indigènes pour imiter au mieux une fumée naturelle comme si elle venait d’un incendie du bush lui-même. Les Melaleuca se sont révélés produire aisément une bonne fumée. Le fut est fermé. Il est équipé d’une admission où l’air est forcé à 60 ou 100 litre par minute. L’échappement est connecté à un flexible métallique de 1,5m à 2m de 50 de diamètre lui-même connecté à la tente en plastique par le toit afin que la fumée puisse se répandre partout à l’intérieur.
Pour une installation de dimension plus réduite ou amateur, un appareil producteur de fumée à soufflet pour apiculteur et une grande boite en carton ou en plastique peuvent suffire.
Après un fumage de 60 minutes, les tablettes sont amenées dans la serre où elles sont soigneusement hydratées pendant 6 à 10 jours afin de s’assurer que les agents actifs de la fumée puissent bien entrer en contact avec les graines. Elles ne sont surtout pas lavées. Ensuite elles sont mises à germer normalement.
Les graines peuvent être également fumées directement. Dans ce procédé elles sont couchées directement sur les tablettes qui sont fumées pendant 60 minutes dans la tente à fumigation comme précédemment. Ensuite elles sont semée directement ou bien conservées dans un lieu sec. Ensuite elles sont semées et mises à germer normalement, à moins qu’elles ne soient semées dans un substrat lui-même fumé.
Eau fumée
L’eau fumée peut être utilisée pour l’amorçage ou la pré germination de graines préalablement à leur semis. Ce procédé a l’avantage de ne pas requérir l’emploi d’une tente à fumigation et la commodité de son emploi selon le besoin. Les graines traitées à l’eau fumée peuvent germer mieux que celles traitées à la fumigation directe. Il permet aussi le traitement d’une plus grande quantité de graines parfois nécessaire pour replanter un terrain ou pour l’utilisation d’un semoir.
L’eau fumée et produite en vaporisant la fumée produite comme ci-dessus dans un fut ou un fumoir à soufflet dans un récipient de 20 litres rempli d’eau ou de 1 litre selon le fumoir. On fait barboter la fumée pendant 60 minutes. Ensuite l’eau est mise au congélateur si elle n’est pas utilisée immédiatement.
Les graines sont immergées pendant 12 heures dans cette eau fumée diluée à 10 % (9 part d’eau normale pour une part d’eau fumée). Elles sont ensuite semées ou séchées, semées elles peuvent être arrosées normalement. Bien que cette méthode a été probante pour un grand nombre d’espèces australiennes, certaines précautions doivent êtres prises pour les graines qui peuvent se détériorer si elles sont immergées trop longtemps. Seule l’expérience peut s’avérer bénéfique, si bien que la pré germination comme pratique culturale systématique pour les plantes du bush Australien doit être testée et expérimentée pour s’assurer du meilleur rendement du procédé. Dans certains cas la pré germination peut conduire à la perte de viabilité et des qualités germinatives des graines. Dans ce cas pour ces espèces il est recommander de procéder par étapes et de tester le traitement jusqu’à la tolérance de l’imbibition et du séchage. Pour les graines sensibles à leur dégénérescence par immersion il est peut être efficace de vaporiser de l’air dans l’eau fumée comme pour un aquarium de poisson exotique.
Etudes pour le traitement in-situ
Les traitement de fumigation peuvent être employés directement sur site. Pour un grand nombre d’espèces la germination intervient de 6 à 8 semaines après le traitement.
La fumée est générée comme ci-dessus et appliquée aux sites dont la litière de feuille et les plus grandes plantes ont été enlevées pour dénuder le sol et faire apparaître les semences qu’il contient. Les tentes de 5m par 1m pour 0,40cm de hauteur sont posées dessus. La fumée est ensuite pompée pendant une heure. Les meilleurs résultats ont été obtenus lorsque les traitements de fumigation ont été procédés durant l’été et au début de l’automne puisque le lavage des éléments de la fumigation a pu être effectué par les premières pluies de la saison humide. Les traitements de fumigation entrepris les autres périodes de l’année on fait apparaître beaucoup moins de germination pour tous les taxons qui sont positivement sensibles aux effets des incendies.
Cet article est issu de la lettre mensuelle d’Aout 1995 de la SGAP section de la South Australian Region.
Dixon K.W, Roche S and Pate J.S (1995). The promotive effect of smoke derived from burnt native vegetation on seed germination of Western Australian plants. Oecologia 101: 185-192
Dr Kingsley Dixon is Assistant Director and Shauna Roche is a research botanist at Kings Park and Botanic Garden, West Perth, Western Australia.
[ Edité par jaime le 15/6/2010 19:56 ]